Warning: Constant WP_CRON_LOCK_TIMEOUT already defined in /htdocs/salon2/wp-config.php on line 91
Croire ou savoir – Un livre en trois dimensions

Croire ou savoir

Les biologistes ont découvert chez l’homme des particularités physiologiques qui n’existaient pas ou d’une façon rudimentaire chez les mammifères dits supérieurs.
Dès les années 30, Mac Lean avait découvert trois niveaux du cerveau humain, dont celui qu’il a appelé « Cortex » de l’épaisseur d’une membrane chez les animaux, mais qui avait une consistance bien réelle chez l’homme.
En même temps, il a pu déterminer les rôles respectifs de chacun d’eux.

Le cerveau « reptilien » se charge des fonctions instinctives, le cerveau « Limbique » de la mémoire, et le « cortex » constitue la zone de calcul, réflexion, comparaison …, un peu comme le microprocesseur d’un ordinateur manipule les données contenues en mémoire dans le disque dur (limbique).

C’est ce qui fait que l’homme a de tout temps observé, corrigé, amélioré tout ce qui était son quotidien. Depuis qu’il est chasseur-cueilleur, et surement bien avant. Jusqu’à aujourd’hui, il a un fonctionnement caractérisé par un « perfectionnement continu », aussi appelé « toujours plus ».

On peut dire, sans se reporter à aucune croyance, que l’homme se perfectionne depuis la nuit des temps, et qu’il rêve de quelque chose qui soit parfait. A cet égard, on peut regarder la perspective de son évolution pour mesurer le chemin parcouru.
Il a vu l’extraordinaire alternance jour-nuit, le miracle du soleil qui se lève chaque jour, avec les prodigieuses possibilités, pour faire quand le soleil est levé, et se reposer quand le jour est fini. Il a pu en déduire que le soleil ferait une belle perfection et s’en est fait un Dieu.

Dans un autre temps, l’homme a constaté que le Nil irriguait régulièrement la vallée pour en faire une terre d’abondance… C’était un bel exemple de Dieu.
Plus généralement, il a trouvé d’autres perfections aussi diverses que variées, de l’amour, de la guerre, de l’agriculture…, de quoi meubler l’Olympe, les temples aztèques, et le reste du monde, d’autant de cultes et de religions.

On peut juste affirmer aujourd’hui que toutes ces religions ont choisi ce qu’elles reconnaissaient comme des perfections pour fonder leurs cultes et en faire leurs dieux.

Et lorsque dans la religion catholique on dit « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu », on confirme que Dieu est bien un modèle de perfection. 

Voilà de quoi expliquer l’avènement des religions.
Je n’entrerai pas dans le détail de ce que l’homme en a fait : des rassemblements, des communautés reliées par leurs croyances, une concurrence entre les religions pour savoir laquelle était vraie… les guerres de religions, les intégrismes, les luttes de pouvoir, les hiérarchies, la soumission, la foi, mais aussi l’émergence de civilisations : égyptienne, grecque, latine, judéo-chrétienne, hindouiste, islamique, et j’en passe…

Leur légitimité n’est pas plus contestable que la diversité des pensées politiques. On ne peut que laisser à chacun le droit de choisir de croire ou de ne pas croire, ceci plutôt que cela. En réservant cependant les particularités susceptibles de contrevenir à ce que l’on a appelé les « Droits de l’homme ». L’égalité homme-femme, par exemple, ne peut être contestée par aucune religion, au moins dans la théorie.

Les « dieux » représentaient donc la perfection ou l’idéal visé par ceux qui y adhèrent. De nombreuses religions ont ainsi donné à leur Dieu, les attributs idéalisés de l’homme. Ils ont littéralement « inventé » Dieu à l’image de l’homme (et non l’inverse). Il est, de ce fait, imprononçable et inimaginable, invisible, supérieur, créateur, tout-puissant, chef, recours, sauveur, juge, modèle absolu… et on lui doit amour, vénération, soumission, obéissance, sacrifices… Plus généralement, il occupe le terrain et tire le convoi de ses fidèles, empêchant ainsi l’épanouissement de « l’homme naturel », celui dont le moteur est indépendant et à l’intérieur de lui-même.

La légende de Brahma illustre un peu cette histoire de divinité (perfection) de l’homme. 

Après, il y a la « Nature » et le miracle permanent qu’elle donne à observer. Il n’y a rien à croire ! Juste à regarder de l’infiniment petit à l’immensité de l’univers, une extraordinaire perfection…

L’homme, partie intégrante de la nature, est un miracle à lui tout seul. Je dirai un miracle dans son existence physique, la constitution de ses organes, ses évolutions physiologiques de la naissance à la mort. Mais c’est aussi un miracle dans sa capacité intellectuelle et psychologique : celle d’être capable de se considérer comme un miracle et d’en tirer des conséquences susceptibles de donner un sens à sa vie. Il pourrait aussi bien ne pas s’en rendre compte, comme la plupart de ceux qui ne cherchent pas, ou qui se contentent des solutions « révélées ». En d’autres termes, il est capable d’observer son propre fonctionnement et de se connaître lui-même.

Oui, je crois que l’homme a une pleine conscience de son « exception naturelle » ou de sa « nature exceptionnelle » : un être vivant à durée limité, (qui a conscience de sa mort inéluctable) et en même temps, un être pensant, libre et capable de définir et choisir ses valeurs et un sens pour sa vie.

Je laisse au mot « miracle » son caractère mystérieux et inexpliqué. Mais il s’agit de miracles observables, sans croyance aucune au sujet de l’auteur du miracle, mais avec toute la magie que sous-entend le mot. Un miracle de la vie ! qui ne cesse d’émerveiller pour peu qu’on en prenne conscience.

En effet, l’homme est doté d’un système affectif qui lui donne la vie (confiance en soi, énergie vitale, santé). Ce système est vital : sans amour il n’y a pas de vie. (Ceci n’est plus à démontrer, il suffit d’écouter en ce temps de confinement, les témoignages des personnes qui ne peuvent accompagner leurs ainés dans les Ehpad).

L’homme éprouve des émotions, indépendantes de sa volonté, qui assurent une fonction de régulation naturelle. L’observation et l’analyse de ces émotions, permettent de vérifier qu’il existe des caractéristiques spécifiques communes à l’ensemble de l’espèce humaine (l’humanité ?). Ainsi, tous les hommes connaissent le bien et le mal, et sont sensibles au « beau », « bon », « vrai », à la liberté, l’amour, la justice, et toutes ces valeurs qui fondent la richesse de notre pensée philosophique.

On peut encore évoquer beaucoup d’autres tendances naturelles qui portent l’homme à se surpasser. Même si le fait n’est pas toujours conscient, on peut observer en particulier que l’homme éprouve de la joie lorsqu’il se sent utile ; il connaît le bonheur lorsqu’il fait le bien et son bonheur est à la hauteur des efforts qu’il a consentis pour cela.
Étonnant ! Non ? 

A titre d’exemple, je crois que l’on peut parler ici, du bonheur qui motive les soignants d’aujourd’hui, à travailler sans compter ni les heures ni la fatigue, pour sauver des vies… Dans un système de santé souffrant de pénuries de toutes sortes et de malaises sociaux depuis des années, on peut appeler cela un miracle. Pas un miracle de ce Dieu derrière son nuage, mais un miracle de la nature humaine, dans ce qu’elle a de meilleur.

Même si le meilleur côtoie parfois le pire, je ne connais pas de perfection plus accomplie que celle-là. Elle m’apaise et m’enchante chaque jour. Et si la Perfection s’appelle Dieu, elle est dans la Nature et dans l’Homme, assurément.

Dieu existe, je l’ai rencontré ! Chacun peut dire cela à un moment de sa vie.
Maître Eckhart disait : « c’est l’image même que j’ai de Dieu, qui m’empêche de le reconnaître sur mon chemin ».  

Alors, c’est vrai que j’ai parfois beaucoup de mal à reconnaître Dieu dans le quotidien, surtout si j’ai confiance et amour à l’égard de ceux qui m’ont appris le Dieu de la religion. Je n’ai pas de rancune contre eux. Ils ne m’ont pas trompé. Ils m’ont juste accompagné jusqu’à ce que mes forces me laissent libre de penser par moi-même.

Je ne souhaite pas non plus, jeter ma colère sur les religieux. Ils ont peut-être leur utilité en servant de tuteur à ceux qui ne savent pas encore distinguer le bien du mal.

Alors, trouver les incohérences des religions et pointer leurs superstitions, n’est plus mon combat que je laisse à ceux qui ont des comptes à régler ou des convictions à défendre.
Je m’en suis libéré en butinant ici et là les travaux des humanistes, de quelques philosophes qui m’ont inspiré, mais surtout de ceux qui ont construit paisiblement une autre façon de regarder le monde. Ceci n’excuse en rien les errements du passé, ni même ceux qui sont à venir.

Je veux bien partager ma pensée avec ceux qui en sont curieux.

J’ai l’habitude de dire que c’est ainsi que j’ai connu ma conversion, des « il faut » travailler pour vivre… en autant de « j’ai envie » de faire ce pour quoi je suis fait.

Ne plus faire par obligation, mais entreprendre avec enthousiasme ce qui a du sens dans ma vie, c’est un miracle qui change tout. 

 

Une citation :

Le mystique croit en Dieu, qu’il se représente comme un être personnel, et tire sa joie de son union à Lui, quand le sage sait Dieu qu’il a découvert comme la substance infinie et l’a réalisé en lui : « Tout ce qui est, est en Dieu, et rien ne peut, sans Dieu, ni être, ni être conçu ».
Frédéric LENOIR

Laisser un commentaire

Retour en haut