Par Bernard
Le pont de Rakotz, construit au milieu du XIX siècle, avait déjà illustré la « (R)évolution intérieure » de Colibris le Mouvement il y a près de 6 ans déjà. La photo utilisée m’avait alors inspiré pour la création, cette même année, de notre atelier « Quête de sens« . Bien qu’un peu recadrée, elle nous sert aujourd’hui encore, d’image repère pour nos publications.
En la revoyant récemment dans sa taille originale, j’ai été surpris de la puissance symbolique qui s’en dégageait, confirmant étonnamment la pertinence de l’usage que nous en avons fait.
Alors qu’il est question de transition entre ce monde qui menace de s’effondrer et de la construction d’un nouveau monde plus respectueux de la nature et de l’humain, j’ai eu envie de vous livrer ces quelques réflexions, aussi pour vous inviter à nous rejoindre…
Dans une description d’ensemble, on peut d’abord observer la couleur vert tendre d’une nature luxuriante et romantique, qui pourrait évoquer la vision écologique et sereine du groupe Colibris que nous formons. La rivière coule paisiblement, marquant une similitude avec le temps qui passe inexorablement, mais paisiblement avec la régularité d’une horloge.
Du côté droit, et en aval du pont, semblent se dresser des formes imprécises comme des rochers dressés vers le ciel.
Enfin, le pont lui-même, manifestement fragile et étroit, comme s’il n’était prévu que pour laisser le passage d’une personne à la fois, se distingue par sa forme particulière, donnant avec son reflet, l’image d’un cercle parfait. C’est là que la performance technique de sa construction laisse le spectateur rêveur. En effet, il aura fallu l’entreprendre simultanément, à partir des deux rives à la fois pour que l’édifice trouve son équilibre, lorsqu’en fin les deux parties de l’ouvrage se rejoignent.
Un travail diaboliquement précis et complexe qui ne manque pas de rappeler son nom « Pont du diable » et la légende qui va avec. Celle-ci fait référence à un pacte signé avec le diable pour cette réalisation que l’on ne peut réussir seul. On dit que le diable n’aurait pas tenu ses engagements en ne posant pas la dernière pierre, si bien qu’elle manque toujours. Est-ce à dire que l’ouvrage n’a pas de fin ?
Quelle magnifique illustration de la coopération entre les bâtisseurs et du lien qui les a uni pour la réalisation parfaite du cercle.
L’analogie est immédiate avec la progression de chacun de nous dans le travail que nous avons entrepris ensemble.
De même qu’il faut regarder l’ouvrage de l’autre rive pour ajuster ce qu’il convient de faire de notre coté, de même nous devons respecter les différences de point de vue et nous avons besoin du groupe pour clarifier notre propre pensée. C’est même cette dynamique qui permet au groupe d’avancer.
C’est pourquoi, les difficultés du cheminement de chacun imposent un état d’esprit particulier, de non jugement, d’empathie et de coopération. Nous savons aussi que ce cheminement n’a pas de fin…
On peut naturellement compléter cette interprétation symbolique, qui reste toujours une vision personnelle. Chacun pourra s’y essayer.
On pourrait ainsi s’attarder à l’effet de miroir, associant le réel et le virtuel pour que le cercle, image de la perfection et du sens, puisse être perceptible.
En prenant du recul, on peut dire qu’un pont est un lien entre deux rives, un rapprochement avec ce qui est différent, un rassemblement de ce qui est épars. Cela implique un geste de confiance et de solidarité qui s’inscrit dans le temps pour franchir des obstacles et aller plus loin.
Enfin, en prenant de la hauteur, le passage du pont sur le cours d’eau dessine une croix, symbole utilisé depuis l’antiquité pour marquer l’essentiel. A n’en pas douter, le lien entre les hommes est sûrement l’essentiel, tout comme la division constitue le pire.
Alors pour finir, il ne me semble pas utile d’approfondir la symbolique des murs. Ceux de Berlin, de Jérusalem, du Mexique et bien d’autres… sont de sinistre réputation. Ils divisent !
Mais combien de murs construisons-nous, par notre besoin de toujours plus, par notre esprit de compétition, par les lois et les interdits ?
Nous n’oublions pas que pour « Exister », nous avons besoin des « Autres » et qu’il est urgent de choisir si on veut construire des ponts ou choisir d’aller dans le mur.
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