Par Bernard
Il est bien possible que le grand effondrement se produise, même si on n’imagine pas bien tout ce qui peut et/ou va s’effondrer.
Les chercheurs annoncent que les espèces de vertébrés reculent de manière massive sur Terre. On observe dès à présent une authentique « défaunation », aux conséquences catastrophiques pour les écosystèmes et aux impacts écologiques, économiques et sociaux majeurs.
Qui n’a pas remarqué que nos oiseaux se raréfient dans nos campagnes, que les abeilles meurent à pleines ruches et que les insectes disparaissent de nos pare-brises.
Nous savons même quelles en sont les causes.
L’agro-industrie a permis de passer de 1 à 7,55 milliards d’humains en moins de deux siècles, avec des effets destructeurs sur l’environnement : disparition des insectes polinisateurs, épuisement des sols, pollutions irréversibles.
D’après les experts, la démographie mondiale va continuer à croître dans des proportions spectaculaires : elle devrait atteindre 11,18 milliards d’individus à la fin du siècle.
Elle se développe en particulier dans les pays les moins favorisés. L’Afrique connaîtra une importante croissance, passant de 1,256 milliard d’habitants (17 % de la population mondiale) actuellement, à 4,468 milliards (40 %).
Le dérèglement climatique aidant, il faut s’attendre à des migrations massives auxquelles les pays européens ne seront peut-être pas en mesure de faire face.
Du point de vue des ressources naturelles, on nous informe aussi que chaque année, dès le mois de juillet la consommation mondiale dépasse ce que la planète est en mesure de fournir. Et nous poursuivons inlassablement le dogme du toujours plus de croissance, de consommation, de déchets. Nous vivons à crédit… Pas seulement sur le dos de la planète.
Avec une dette publique nationale qui n’arrête pas de croître et une planche à billets qui tourne sans contrepartie, l’effondrement n’est plus qu’une question de temps. Il est en cours…
Il n’est que trop aisé de trouver des secteurs qui montrent des signes d’effondrement.
Il est cependant un domaine qui échappe souvent à notre investigation : l’effondrement des valeurs.
Le premier indice pour en parler serait l’explosion des violences, au moins celles qui sont les plus apparentes.
Alors il n’est pas question d’entrer dans une évaluation morale de notre temps. Mais, reconnaissons que ce qui devrait donner du sens à une vie, et constituer cette dignité intrinsèque et inaliénable évoquée à l’article premier des droits de l’homme et du citoyen, n’entrave pas les outrances dont les médias se font quotidiennement l’écho.
Les incivilités que l’on rapporte, n’augmentent pas seulement en quantité et en gravité, mais elles se banalisent, deviennent inévitables, normales et finalement excusables. On excuserait les black blocs, parce que les forces de l’ordre utilisent des lanceurs de balles de défense.
Une femme meurt sous les coups de son conjoint tous les deux jours. C’est juste deux fois plus qu’il y a seulement dix ans ! Le viol et les agressions à caractère sexuel se multiplient dans tous les milieux, et singulièrement parmi ceux qui ont vocation à être exemplaires. La violence se généralise, dans la rue, à la maison, à l’école, dans l’entreprise, sur les réseaux sociaux.
La désinformation nourrit les haines ; les médias, avides de sensationnel, sont en compétition permanente à celui qui sera le plus agressif sur les plateaux. Personne n’entend personne, mais iIs se félicitent de leur audimat qui donne la prime à celui qui osera aller le plus loin. L’objectivité se fait rare : les politiques se battent à coup de fausses nouvelles pour détruire leurs adversaires, la mauvaise foi devient une « habileté » au service du parti, au détriment de la France et des Français. Ces derniers les dégagent tous tant qu’ils sont.
La justice n’est plus la justice, interminable et perdue dans ses délais, ses pourvois et ses tergiversations, au risque d’être absurde ou laxiste. Les prud’hommes ne font pas mieux, trop souvent influencés par l’air du temps.
Parler de culture ? Le premier canal, la télévision, est obligée d’insérer des minutes de guignol dans les quelques émissions culturelles, juste pour en assurer l’audience. Elle ne montre que de l’extrême, des séries violentes, des divertissements minables où la violence verbale et les provocations flattent les instincts primaires des spectateurs, y compris des plus jeunes qui en prennent de la graine.
L’école aurait pu être au premier rang de cette liste non limitative d’indignations. Elle laisse depuis des générations se constituer une indigence intellectuelle massive parmi les citoyens, mesurable par leurs comportements sociaux, leur addiction aux écrans, les programmes de télévision qu’ils supportent de regarder, leur immaturité politique, leur irresponsabilité devant leur bulletin de vote. Combien de Trump, de Bolsonaro ou de Kim Jong-un de part le monde ? Bien plus que vos dix doigts et les miens n’en peuvent compter !
Dans ce nouveau monde, marqué par la compétition permanente, la cupidité, le sexe et l’avidité de pouvoir, le respect de la personne est devenue une notion vulgaire. La rentabilité remplace la vertu. L’humain n’est plus qu’un quantitatif, une valeur d’ajustement, au mieux une ressource.
L’effondrement est à craindre.
Faut-il s’y résoudre, ou assurer une transition pour un après ?
Il y a bien un moment où le logiciel du développement humain a buggé. Dans les intempéries de la civilisation, nous avons privilégié la « science » et négligé la vie.
Mais lorsque nous exprimons notre indignation, nous avons conscience que les choses pourraient se passer autrement. Nous pouvons même imaginer qu’il suffirait de partager nos propres convictions, pour que le monde aille mieux. Plus de compétitions stériles mais une vraie coopération, à droite et en même temps à gauche.
La joie est communicative. Si tous les gars du monde…
En coopérant avec créativité, nous pourrions peut-être enrayer les effets dévastateurs de l’effondrement annoncé et opérer la transition vers un monde meilleur et plus épanoui, pour soigner la planète.
Je crois sincèrement que quand on est capable du pire, on est aussi capable du meilleur.
Il suffit de choisir entre l’amour du pouvoir et le pouvoir de l’amour.