Les scénarios

Nous avons souvent l’impression d’agir en liberté, mais le sommes-nous vraiment ?
Eric Berne, le père de l’analyse transactionnelle, pose cette question majeure : « l’homme peut-il échapper à l’emprise de son scénario ? »
Il fait références aux peurs, injonctions, messages contraignants et autres croyances qui s’imposent à nous et orientent nos existences à la manière d’un scénario.

Lorsqu’un scénario de cinéma est établi, on décide de le mettre en œuvre.
Cette décision engage le processus de réalisation qui se déroule alors fidèlement jusqu’à la fin du film.

Il en est de même de nos scénarios de vie. Ils se déroulent habituellement comme prévus initialement.
Les gens prennent dans l’enfance des décisions pour survivre et répondre à leurs besoins immédiats d’amour, de sécurité et de protection.
Plus tard, ils continuent inconsciemment à se conformer à ces décisions, même si elles ne répondent plus aux besoins de l’adulte qu’ils sont devenus. Souvent ces décisions sont dommageables et les limitent dans leur croissance et leur épanouissement.
Les exemples ne manquent pas : certaines personnes sont incapables d’être à l’heure à un rendez-vous ; d’autres ont si peur de l’échec qu’ils n’entreprennent que très rarement pour réussir très modestement ; d’autres encore, ne savent pas dire non ou se sentent obligés de toujours faire plaisir, même à leur détriment… Ces exemples sont simples. Il en existe de plus complexes.

  • Notre scénario de vie a été composé inconsciemment, souvent avant l’âge de raison (voir cadre de références). Parfois le scénario est même hérité de nos parents (voir psychogénéalogie).
  • Le scénario ne se construit pas seulement sur la base d’éléments reçus des parents, mais sur l’interprétation que l’enfant en a fait. « Mes parents se disputaient… => Les hommes sont tous les mêmes => Je ne marierai pas… ».
  • Le scénario est mûr lorsqu’une décision est prise : « Quand je serai grand, je serai Président de la République » ou « je ne serai jamais pauvre ». « Pour exister je ne dois pas être comme tout le monde… »
    Cette décision, consciente ou non,  parfois non exprimée, peut être explicite ou implicite, c’est à dire : simplement conforme « à l’image des gens que j’admire » ou « conforme à ce qui est accepté dans mon milieu ».

– Le scénario de vie est composé de scènes répétitives dont les caractéristiques sont identiques.

Il se déroule comme dans un film, à notre insu, mais sûrement et inexorablement, jusqu’au jour où on prend conscience que nous sommes sous l’emprise d’un scénario. C’est alors que nous pouvons décider d’en changer.
Parfois nous connaissons ce qui nous rend malheureux, mais nous ne parvenons pas à faire ce qui pourrait changer le cours des choses.
Pourquoi reproduisons-nous sciemment les mêmes erreurs ? Comment en finir avec ce scénario répétitif ?

Exercice : On peut évaluer individuellement notre propre situation. Quels sont les ornières dont je ne peux me libérer ?

Eric Berne, distingue trois familles de scénarios :

  • Les gagnants qui réalisent des objectifs qu’ils ont choisi eux mêmes. Pas forcément nantis, ils sont surtout épanouis et heureux.
  • Les non-gagnants qui vivent à l’ombre des gagnants, ne se sentant pas dignes de gagner, malgré leurs aptitudes.
  • Les perdants, désabusés, résignés, convaincus qu’ils ne sont pas capables de sortir de la situation qu’ils vivent.

– Les scénarios sont des prophéties auto-réalisatrices sur le mode « ce que je crois (pense), je le crée ».
« Ce que je crains risque bien de se produire ».
Les scénarios de vie, comme les mini scénarios d’une séquence de vie, fonctionnent à la manière de l’effet « placébo » et les réflexes de « Pavlov ». Exemple : « Si je travaille, je vais réussir »… « Ma candidature ne sera jamais retenue… quand ils verrons que j’habite une ZUP de banlieue ». « Je n’essaye pas, parce que je ne supporterai pas qu’on me voit échouer ».
La croyance (ce que l’on pense) ou la crainte, sont tels qu’inconsciemment nous faisons tout ce qui va contribuer à la réalisation de ce que nous avons prévu. « Je na suis pas jaloux parce que mon conjoint me trompe, mais il me trompe parce que je suis jaloux » ; « Si je sais qu’il y a un colorant artificiel dans la nourriture, je fais une allergie » (somatisations).

– Les changements de scénario se font lentement, pas à pas, à la suite de prises de conscience successives.
Il faut prendre conscience du scénario qui est en action dans notre vie et repérer les répétitions.

  • On peut en changer s’il ne me convient plus, en installant un scénario que j’aurai choisi. librement.
  • On peut changer de scénario en développant notre « cadre de références » par un travail de connaissance de soi, et de compréhension des fonctionnements humains.

Exercice : Quels sont les aspects négatifs de mon scénario ?
Exemple : si on manque de confiance en soi, on peut décider : « A l’avenir, je vais arrêter de me plaindre, de critiquer ou de juger la valeur des personnes ».
Certes, le résultat n’est pas acquis ! Mais il existe des méthodes pour que ce genre de résolutions deviennent efficaces (Méthode des « Contrats avec soi-même »).

– Les inflexions brusques dans nos scénarios de vie.
Certains évènements peuvent provoquer des changements plus rapides dans notre scénario .

  • Un évènement familial : mariage, naissance d’un enfant, décès d’un proche, donnent lieu à des inflexions naturelles.
  • De même, un accident, la survenue d’une grave maladie, etc…
  • Enfin, une « révélation » importante qui bouleverserait nos croyances, qui changerait le regard que l’on porte sur la vie, ou des expériences exceptionnelles, (marcher sur des braises), etc… peuvent précipiter le changement.
    Important ! Il faut se méfier des changements trop rapides.(ex. radicalisation, emprise sectaire, perte de repères).

Pour se protéger des scénarios introduits, notamment par la manipulation  : vérifier par la raison et rester prudent, en s’imposant un cheminement progressif.

  • Le développement personnel, peut permettre un changement par la compréhension des systèmes et des prises de conscience pour soi, (Connaissance de soi, indépendamment de la morale et des jugements de valeurs).
  • Approche par petites notions logiques, intégration libre.
  • Vérification : travail personnel d’investigation, livres, recherches sur internet…
  • Répondre à la question : « Est-ce que cette notion me libère ou est-ce qu’elle m’enferme » ?

Nota : les sujets abordés ici, font l’objet de textes écrits soumis à la discussion (commentaires). Il convient de les « valider » pour soi. Nous ne fonctionnons pas dans le mode « enseignant-élève » mais dans un partage d’informations issues de chaque participant. Apprendre en rassemblant des connaissances, chacun son tour. Expérience d’auto-apprentissage, et collaboration à la manière des Colibris ! User et abuser des « commentaires » pour redresser ce qui doit l’être.

Conclusion : Cette présentation a pour objet de mettre en évidence le mécanisme des scénarios proposé par l’Analyse Transactionnelle.
Nous aurons ultérieurement l’occasion de détailler les hypothèses (peurs, croyances, injonctions et messages) qui s’avèrent contraignantes dans notre vie, dès lors que nous les avons « installées » par une décision (souvent inconsciente et précoce).
Ce que nous pouvons retenir, c’est que ces scénarios peuvent être changés par de nouvelles décisions que nous aurons librement et consciemment choisies. Sachant que « nous créons ce que nous croyons (pensons) », nous aurons à cœur de vérifier ce qui nous est proposé à croire, parfois de manière sauvage ou manipulatoire.

Enfin, ce qui est vrai pour la personne est aussi observable pour un groupe de personnes et pour la société.
Les scénarios de la société sont par exemple : la course à la croissance, la compétition, etc…
Nous essayons de les changer peu à peu, lorsque nous allons voter, par nos manifestations collectives. Ils sont aussi influencés par la presse et aussi par nous-mêmes, lorsque nous faisons notre part.
L’évolution est lente, mais nécessaire, continue et globalement positive. On a déjà commencé à « bien faire ». Jamais la prise de conscience de la nécessité de changer n’a été aussi présente à notre esprit.

« Pour changer la société, il faut commencer par se changer soi-même ». Pierre Rabhi et M. Gandhi avant lui.

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