Les Sentiments.

Les observations et informations qui nous viennent de notre entourage, et les pensées qui en découlent, sont à l’origine de nos sentiments.
Ces sentiments restent présents en nous, et influencent nos pensées, nos croyances et nos comportements. Puis ils évoluent en fonction des pensées, observations et perceptions nouvelles qui se font jour.
Les sentiments sont toujours présents, quelquefois inconsciemment, et même lorsque nous ne pouvons plus les exprimer.

Reconnaître ses sentiments et vivre avec eux.

Il est de tradition de contrôler et de refouler nos sentiments, sauf dans quelques cas heureux où ils ont droit de cité. D’une façon générale, il convient de s’en méfier, ils sont souvent à l’origine de bêtises, et ils sont quelquefois dangereux. Chacun a donc pris l’habitude de vivre raisonnablement, rationnellement, avec ses sentiments refoulés.

Accéder aux sentiments, les nommer, est un exercice assez difficile au début. Plusieurs sentiments sont mêlés, sans que l’on puisse exactement les définir.

En réalité, il est possible de simplifier en classant les sentiments comme suit :

Les sentiments de base :

la peur, la colère, la joie et la tristesse.

Les sentiments mêlés :

le souci = peur et tristesse
la honte = peur et joie
la jalousie = peur et colère
l’envie = tristesse et colère
la culpabilité = peur et colère
la haine = peur et colère

On observe que le mélange des mêmes sentiments de base, peuvent donner des résultats différents, suivant l’objet auquel s’appliquent ces sentiments.

Dans nos traditions, trois sentiments de base sont automatiquement déclarés négatifs.
La colère est considérée comme un péché dans certaines traditions religieuses ; la tristesse et la peur passent pour un manque de courage ; seule la joie est reconnue comme un sentiment positif.

Les sentiments en Analyse Transactionnelle.

En analyse transactionnelle, il n’y a pas de bons ou de mauvais sentiments ; tous les sentiments peuvent être considérés positifs ou négatifs, selon les cas, et suivant leur usage.

Si le sentiment est utile pour résoudre un problème, s’il déclenche une énergie positive, s’il aide à prendre conscience d’un besoin etc…
S’il vient du système « Enfant adapté » ou « Enfant libre », alors le sentiment est positif. Dans le cas contraire, il vient du système « Enfant soumis » ou « Enfant rebelle » ; il est alors négatif.

Les quatre sentiments positifs de base appellent des réponses positives spécifiques. :

– la peur                      appelle                                   la protection
– la joie                                                                      le maintien
– la colère                                                                  le changement
– la tristesse                                                               le réconfort.

On peut donc en conclure que les sentiments positifs sont des demandes non formulées.

Quand on observe un sentiment chez une personne, nous savons que c’est une façon de demander :

         – du secours face à un danger, si cette personne a peur.
         – du changement dans sa situation actuelle, si cette personne est en colère.
         – du réconfort… si cette personne est triste.
         – le maintien de la situation et un partage de son sentiment, si cette personne est en joie.

A l’inverse, il est inefficace de proposer un changement à une personne qui a peur, qui est triste ou heureuse, ou bien du réconfort à une personne en colère ou qui a peur. Seule l’action appropriée au sentiment a des chances d’être acceptée.

Les sentiments négatifs

Les quatre sentiments de base sont négatifs quand ils enclenchent des circuits malheureux et inefficaces : peur paralysante, colère excessive, tristesse dépressive, ou joie inconsidérée.

Les demandes non formulées, associées à ces sentiments, sont alors faussées et l’on a intérêt à identifier le type des sentiments négatifs exprimés. Ex : J’ai l’impression qu’il a peur… La question qui me vient alors est : Comment le rassurer ?

L’élastique.

Il s’agit là d’un sentiment négatif, qui se trouve renforcé par le souvenir d’un sentiment négatif, ressenti antérieurement et qui a été très marquant.

Des peurs positives peuvent ainsi être transformées en peurs paralysantes, ou en panique…

Comment faire avec ses propres élastiques ?  Il importe de se concentrer sur le moment présent, et constater que la situation présente ne justifie pas un tel état. Les sentiments fantômes ne supportent pas d’être négligés ! On sait par ailleurs que les sentiments sont insensibles au raisonnement.

Que faire avec les élastiques manifestés par une autre personne ? Là encore, il est habile de négliger le ou les fantômes, et traiter le sentiment avec son intensité normale.

Exemple : Si une personne m’agresse d’une façon excessive, il est probable que je ne sois pas le seul visé, surtout s’il n’y a pas de réel motif ; tous les fantômes sont là et cette personne les agresse.

Cette situation est assez fréquente et devrait nous inciter à la tolérance, à dédramatiser et à prendre la situation avec philosophie.

Les lunatiques.

La journée commence mal : je suis en retard, mais j’ai décidé d’être calme. Au parking, ma voiture a un pneu crevé : je reste calme. En allant au bureau je suis bloqué pendant trente minutes : je reste calme. Au bureau, on m’apprend qu’un collège m’a fait une « crasse » : je reste toujours calme… A 11 heures, mon projet est refusé : je me contrôle et je reste calme. A 15 heures, un collègue, le plus timide entr’ouvre la porte et s’excuse de me déranger… Là, n’y tenant plus, j’explose… et je me fâche avec un bon collègue !

Cette situation de réaction « lunatique » est en fait le résultat d’une suite de problèmes : c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

On appelle ce sentiment le « timbre » ou « sentiment tabou », faisant référence à certaines pratiques qui visent à réduire l’expression de certains sentiments négatifs que les gens civilisés savent réprimer.

Il existe des entreprises où chaque employé a une carte sur laquelle il est possible de coller des timbres chaque fois qu’il y a une contrariété. La carte pleine donne droit à une unité de défoulement où la personne exprime gratuitement et sans conséquences, le sentiment qu’elle a refoulé.

Dans la vie courante nous faisons la même chose sans carte.

« Après tout ce que j’ai enduré… j’ai bien des raisons (le droit) de… »  Cette goutte d’eau qui fait déborder le vase est un sentiment qui s’exprime de façon excessive et à un moment inapproprié. C’est donc un sentiment inapproprié et négatif.

Pour éviter de devenir « timbré », il importe d’exprimer son sentiment au fur et à mesure. Ceci permet, le cas échéant, à la personne responsable de corriger son attitude, insensiblement et sans perdre la face. La maîtrise de soi n’est pas sans risques : il faut lui préférer l’affirmation de soi, qui n’interdit ni la politesse ni les rapports hiérarchiques harmonieux.

En cas de timbre inexprimable en société, il faut se décharger autrement : la pratique de certains sports, ou l’écriture de ses sentiments sur un carnet de route… Avoir un confident, à qui l’on peut tout dire, sans qu’il porte de jugements de valeur, est aussi très efficace.

Ne pas oublier que ces sentiments refoulés sont souvent à l’origine de somatisations physiques : « en avoir plein le dos » n’est pas  toujours qu’une locution verbale, mais bien souvent une douleur effective.

Il convient alors de se décharger et de purger ces sentiments pour se sentir mieux dans son cœur et dans son corps.

« Prendre sur soi » et refouler ses sentiments que l’on dit quelquefois « inavouables » ou « indignes d’une personne civilisée », est une croyance fausse et dangereuse.
Vivre et laisser vivre, au présent, en s’affirmant et en donnant leur place aux sentiments, est la meilleure façon de créer un climat et des relations humaines harmonieuses, en préservant sa santé….

Vous reconnaîtrez les gens qui « timbrent » dans votre entourage à l’expression de leurs sentiments : excessive et inappropriée. Vous pourrez alors beaucoup pour eux, en les invitant à s’exprimer sur ce qu’ils ressentent.

Le racket.

Chacun a pris l’habitude d’utiliser un sentiment qui lui semble facile à exprimer. C’est son « caractère » dit-on de lui : triste, colérique, peureux, blagueur. C’est un sentiment passe-partout, familier, adopté par l’entourage… mais présent à tort et à travers et en toutes circonstances.

« J’ai très souvent peur, pour un rien… sans savoir pourquoi… »
« Je me sens triste… je n’ai pas de raison particulière, mais je me sens triste… »

Ces sentiments négatifs sont des sentiments parasites, qui polluent la communication, en introduisant un bruit parasite affectif, là où cela n’est pas nécessaire. On les appelle « racket », parce qu’ils ont une utilité inavouée.

La personne qui exprime en permanence un tel sentiment racket, en profite pour obtenir des attentions et autres signes de reconnaissance « strokes« . Ces strokes sont souvent négatifs, mais nous savons qu’ils sont préférés au risque de ne pas en avoir du tout.

C’est pourquoi la personne utilise ces sentiments qui deviennent parasites, pour racketter son entourage.

– Être un peu triste tout le temps, donne de bonnes excuses pour ne rien faire, être passif, permet de se faire plaindre et d’attirer quelques considérations…

– Se mettre en colère pour un rien, dramatiser… permet de brouiller la communication et ainsi ne pas avoir à s’expliquer, ou permet de mettre ses interlocuteurs en position d’infériorité…

Le Racket sert à manipuler l’autre et à l’influencer négativement.
– le racket d’impuissance sert à rendre l’autre impuissant : la passivité se transmet
– la tristesse du racketteur se transmet pour émouvoir, troubler, déprimer son interlocuteur
– la peur de l’un crée la panique des autres.

Le racket provient d’un manque de « strokes » :

– Il y a ceux qui se mettent en dépendance, pour récupérer quelques strokes, en faisant pitié ou en blaguant (clown-triste) ;- et ceux qui mettent les autres en dépendance pour « arracher » le stroke, en terrorisant ou en manipulant.

Le plus souvent l’utilisation d’un sentiment racket est peu consciente.
Le sentiment négatif racket est renforcé par des fausses croyances et accentué par des comportements inadaptés répétitifs.
C’est le cercle vicieux de renforcement du racket système.

Pour se défaire de mes rackets :

Le déparasitage s’impose :

– clarifier ses sentiments, ceux qui sont appropriés et ceux qui ne le sont pas, ceux qui sont importants ou inutiles…
– découvrir son sentiment parasite en repérant ses comportements inadaptés et répétitifs,
– découvrir et mettre en cause les fausses croyances évidentes,
– voir les avantages que procure le racket,
– trouver les besoins qui appellent satisfaction et le moyen d’y répondre,
– cultiver le parasitage de sentiments positifs.

Se souvenir que le sentiment racket est toujours le signe d’un problème non réglé.
Si dans votre entourage vous détectez un cas de racket, ne vous laissez pas contaminer et observez.
Le racket est le signal d’un problème que l’on peut découvrir grâce à l’observation.

Conclusion.

Il n’y a pas de sentiments positifs et de sentiments négatifs en tant que tels.
Ils sont positifs s’ils sont moteurs et protecteurs, et négatifs dans le cas contraire.
– Positifs, ils sont l’expression d’une demande non formulée,
– Négatifs, ils sont le signal d’un problème ou d’un manque de strokes.

Vivre le moment présent, en s’affirmant et en vivant ses sentiments au fur et à mesure, permet de les mettre au service de son énergie personnelle.

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