Deux définitions de la dignité.
Dignité : Synonymes de grandeur, majesté, noblesse, élévation, situation éminente dans l’ordre naturel. La dignité est le sentiment de ce que l’on doit à soi-même, respect de soi.
Vivre avec dignité est le sentiment qu’a une personne de sa propre valeur.
Dignité de la personne humaine : fondement de la métaphysique des mœurs. Selon KANT :
La personne humaine en tant qu’Être est ce qu’il y a de plus respectable au monde et cette dignité constitue la valeur fondatrice de toute la morale.
« Les autres valeurs peuvent constituer des mobiles de notre action, des impératifs hypothétiques, mais, seule la dignité de l’être constitue un motif, un devoir, un impératif catégorique et absolu, et qui oblige sans condition. C’est un droit inaliénable, c’est à dire qu’on ne peut en être privé ».
On peut dire que le degré de développement d’une civilisation se mesure à ce qu’elle place la dignité de l’homme au premier plan de ses préoccupations. La dignité de l’homme représente la somme des conditions de l’action. Elle doit donc être respectée inconditionnellement.
“Agis de telle sorte que tu traites l’humanité en ta personne ainsi qu’en celle des autres comme une fin et jamais comme un moyen” disait KANT.
La déclaration universelle des droits de l’homme.
Dans son article premier, la déclaration universelle des droits de l’homme (de 1948 par l’assemblée générale des Nations Unies), précise que tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits, et que tous les êtres humains doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Il est à noter que si la dignité de l’homme s’impose dès sa naissance il ne s’agit pas d’une qualité acquise. L’homme ne travaille pas pour acquérir sa dignité, mais il est sensé faire en sorte que ses attitudes et comportements manifestent cette dignité. La dignité de l’homme, considérée comme une caractéristique inhérente à l’espèce humaine, doit être reconnue inconditionnellement quels que soient le sexe, l’âge, la couleur de peau ou l’origine ethnique ou religieuse de la personne.
Qu’est-ce qui confère à l’homme cette dignité ?
Les avis sont partagés mais tous s’accordent à reconnaître la dignité comme étant la base de tout fondement moral, philosophique ou religieux. Elle ne peut donc être conférée que par une caractéristique, une valeur ou une “entité” dépassant toutes les autres.
- Pour le biologiste, ce serait la vie,
- Pour le philosophe, cette caractéristique serait l’appartenance à l’espèce humaine.
- Pour le psychologue, ce serait le moi-profond, siège de la transcendance de l’homme,
- Pour le religieux, ce serait l’immanence ou l’image de Dieu dans l’homme,
Dignité de l’Être et dignité des attitudes et comportements.
Dans les définitions ci-dessus, nous avons distingué deux types de dignité, celle qui est inhérente à l’Être, et celle qui relève des attitudes et comportements de la personne.
Nous avons tendance à confondre les deux. L’une est réelle et inaliénable, l’autre n’est instantanée et apparente.
Cette distinction de l’Être, d’avec ses attitudes et ses comportements est une notion qui rejoint tout à fait ce que la psychologie nous enseigne de la structure de l’homme.
Le moi conscient est inspiré à la fois par ce que Jung appelle la “Persona” qui veut dire masque, et par son moi-profond aussi appelé psyché ou âme.
Notre moi conscient, dont nous observons les attitudes et comportements, est inspiré par des valeurs apparentes et extérieures à nous. Ce sont les valeurs sociales, le pouvoir, l’argent…, auxquelles nous avons tendance à nous conformer pour nous donner l’apparence de ce que nous croyons être la dignité. (ex. dignité de la réussite manifestée par le compte en banque)
Notre moi-profond, sur lequel repose la notion de dignité de l’Être, influence également notre moi conscient. Il influence de façon inconsciente nos attitudes et nos comportements et nous donne parfois une impression de bonne ou mauvaise conscience, un sentiment de culpabilité, éventuellement d’indignité, etc… C’est la manifestation consciente de notre moi-profond qui constitue notre conscience morale.
La question qui se pose donc est de savoir quelle entité m’inspire, ici et maintenant : celle de mon Être ou celle de mon Paraître, ou les deux ?.
Conséquences
- La dignité de l’Être impose le respect de soi et des autres inconditionnellement.
- C’est la conscience de l’homme, qui lui indique ce qu’il en est de la dignité de ses attitudes et comportements.
Nous observons que :
- L’homme qui se sent digne, aime ce qu’il vit, s’aime bien, et a confiance en lui.
- L’homme qui reconnaît la dignité de l’autre, aime ce qu’il vit, et aime l’autre.
- L’homme qui sent sa dignité reconnue, aime ce qu’il vit et se sent aimé.
- Inversement, le manque de respect est perçu comme un manque d’amour.
L’homme a besoin de percevoir sa dignité : être digne d’amour parce que le plus impérieux est son besoin d’amour. “Tu aimeras ton prochain comme toi même”.
L’homme perçoit sa dignité lorsqu’il se sent aimé des autres. Il est alors fondé de s’aimer lui-même. (Ce n’est ni de l’égoïsme, ni de l’égocentrisme, mais de la confiance en soi)
En cas de manque de respect (d’amour), l’homme se sent indigne et coupable de ne pas être en conformité avec l’idéal qu’il a de lui. Sans amour, l’homme meurt.
“Devenir ce que je suis”, “être soi-même”, “être et non paraître”, sont des expressions qui indiquent le sens de l’accomplissement de l’homme dont les attitudes et comportements seraient aussi dignes que la dignité intrinsèque de son Être.
Le manque de respect de soi ou des autres est à l’origine de toutes les souffrances.
La violence, la dépression, l’injustice, le meurtre, tous les crimes, le chômage, la guerre, la pédophilie etc, etc… sont les manifestations plus ou moins graves du manque de respect inconditionnel de l’Être de l’autre.
Les formes les plus extrêmes de manque de respect de l’Être humain tels que le viol, l’assassinat, la pédophilie, doivent être comprises comme telles, et non seulement comme la transgression d’une loi.
Il est vain de dresser la liste des interdits sociaux et de les sanctionner, si les contrevenants n’ont pas conscience qu’il s’agit à des degrés divers, du même péché contre la dignité humaine.
La justice condamne à la prison, qui outre la restriction de liberté, retire pratiquement à la personne le droit à sa dignité d’Être. Comment dans ces conditions sensibiliser le détenu au respect inconditionnel de la personne. Dans cet exemple, tout comme en politique, dans le monde économique, dans l’entreprise, on peut imaginer l’intérêt qu’il y a à ne pas mettre trop en avant la déclaration universelle des droit de l’homme !
En conclusion de ma réflexion
Le sens de cette réflexion implique me semble-t-il le besoin d’apporter quelques suggestions. Voici donc quelques propositions simples pour un monde meilleur.
Pour chacun pris individuellement :
- Notre regard sur l’Être de l’autre pourrait être inconditionnellement respectueux, même si ses attitudes et comportements ne sont pas aussi dignes qu’on pourrait le souhaiter.
- Nous pourrions apprendre la culture du “non-jugement” de la personne, selon Carl ROGERS, et nous contenter de juger les attitudes et les comportements, mais sans porter de jugement de valeur sur la personne. (qui est d’ailleurs toujours subjectif, mais ça on ne le sait pas !)
- En considérant les raisons même qui confèrent à l’homme sa dignité, nous pourrions nous motiver afin que nos attitudes et comportements en témoignent.
Quelques citations à méditer :
Le respect dû à l’autre, lui donne des droits.
Le respect de soi donne des devoirs et en particulier celui de respecter l’autre.
“L’homme devient un homme si on le regarde avec le respect qui est dû à l’homme.”
“L’homme devient adulte, lorsqu’il se sent responsable de ce qu’il est, de ce qu’il fait, de ce qu’il ne fait pas, mais aussi de ce qu’il laisse faire.”
“L’humanité de l’homme est à la mesure de celle qu’il reconnaît chez les autres.”
“Ce qui a lieu dans le monde est trop pathologique pour qu’il n’y ait pas une santé quelque part.
C’est trop haineux pour qu’il n’y ait pas une bonté.
C’est trop absurde pour qu’il n’y ait pas une vérité.
C’est trop bête pour qu’il n’y ait pas une intelligence.
C’est trop désespéré pour qu’il n’y ait pas une espérance.
C’est trop à l’envers pour qu’il n’y ait pas un endroit.
Et si cet endroit est aussi positif et puissant que l’envers est négatif et infernal,
alors on peut largement espérer de l’avenir.”
Pierre DACO