Après la crise

Par Liane Langenbach Le 07/04/2020.

J’ai cette image très forte depuis plusieurs mois, l’image d’une jungle. Peut-être que mon prénom n’y est pas pour rien, dans une association d’idées évidente.

Je suis Liane, je suis une liane dans la jungle.

Cette image a le chic pour me procurer à la fois un sentiment de liberté totale, un retour aux sources on ne peut plus nécessaire, et un sentiment d’étouffement, dans une jungle tellement épaisse qu’on ne peut y voir la lumière du jour.
Et je dois dire que cette image s’est renforcée et a pris tout son sens récemment, avec la situation exceptionnelle dans laquelle nous nous trouvons avec le Covid-19.

Mais au fait, on parle de quelle jungle exactement ?

  • La vraie, si riche et si fragile, qu’il faut protéger de la déforestation toujours plus massive, toujours plus rapide ?
  • La jungle urbaine et humaine dans laquelle nous vivons, celle qui enferme, qui étouffe, qui nous emmène dans ses méandres pour mieux nous perdre, et y perdre toute notion de sens ?
  • Ou la jungle de nos idées, qui fourmille tellement en ce moment, celle qui semble montrer qu’un changement de fond est possible ?

Sûrement un peu des trois.

La crise actuelle nous ramène de toute façon à ces trois notions : protection de la nature, remise en cause de notre système, explosions d’idées et ouverture du champ des possibles pour l’après.

« Le cosmos a sa façon de rééquilibrer les choses et ses lois. »

Quand j’ai réalisé cette illustration il y a presque un an, je voulais rendre hommage à la nature, à sa richesse et à ses formes organiques fluides et sublimes.

Avec la crise que nous vivons en ce moment, j’y ai posé un regard neuf. Je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir, dans cet organisme étrange, la notion de l’infiniment petit, l’image-même du virus.

Raffaele MORELLI, dans un texte énormément diffusé sur le web et les réseaux sociaux depuis quelques semaines, nous rappelle que « le cosmos a sa façon de rééquilibrer les choses et ses lois. »

Sans nier le drame sanitaire, humain et la crise économique que nous sommes en train de vivre, ne peut-on voir dans ce qui nous arrive un juste rappel à l’ordre, la nature qui nous dirait qu’on est allés trop loin, qu’on s’est cru invincibles, alors qu’un organisme si minuscule qu’on ne peut le voir suffit à nous arrêter dans notre course folle ?

Et tant qu’à faire de devoir s’arrêter, si on en profitait pour se poser et penser à l’après ? Au monde qu’on veut voir émerger ?

« Le changement, c’est maintenant », comme dirait l’autre.

Il y a quelques jours, une soixantaine de députés a créé le site web Le Jour d’Après, pour commencer à amorcer la réflexion sur les mutations profondes qui doivent surgir dans un avenir proche.

On a envie d’y croire.

Même s’il ne faut pas être naïf, et si de mon côté ça fait bien longtemps que je ne crois plus que le changement pourra arriver par les politiciens actuels, le fait que des parlementaires aient créé un tel site est déjà significatif. Cela montre bien que la réflexion sur notre système et ses limites infuse peu à peu toutes les sphères sociales et culturelles.

Nous ne sommes plus quelques pelés qui crions seuls dans le vent à qui voudra bien les entendre. Nous sommes un réseau qui maille le monde entier, et nous finissons enfin par nous faire entendre. Il faut dire que la nature est avec nous sur ce coup-là, et a décidé de donner de la voix… pardon, du virus.

Quand nous pourrons de nouveau sortir, continuerons-nous de faire notre part chacun de notre côté, dans des petits éco-gestes, indispensables pour transformer nos modes de vie individuels, mais totalement insignifiants s’ils ne sont pas soutenus par un changement de fond, institutionnel, et bien sûr industriel et économique ?

Ou irons-nous rejoindre ceux qui comme nous rêvent d’un autre monde, pour mener à bien cette révolution qui n’a que trop couvé ?

Et si le changement, c’était vraiment maintenant ?

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