Les champs d’action pour faire sa part

Liane Langenbach

Quand j’ai commencé à m’intéresser à l’écologie, j’avais une image très précise de l’ « écolo typique », et très franchement, je n’avais pas très envie de lui ressembler.

Je l’imaginais en sarouel et T-shirt en lin, vieilles sandales ou chaussures de rando aux pieds, à lire tous les matins des vieux numéros du journal gratuit qu’on trouve aux caisses des magasins bio, vivant à la campagne, en autosuffisance ou presque, et levant de grands yeux au ciel dès qu’il entend parler de prendre l’avion.

Il n’y a bien sûr rien de mal à ressembler à ce portrait-là, au contraire… mais je ne me reconnaissais pas du tout là-dedans et j’avais l’impression que pour devenir une écolo parfaite, je devrais me plier dans un moule dans lequel j’aurais du mal à rentrer.

Au final, en rencontrant et discutant avec toujours plus de personnes sensibilisées à l’écologie, je me suis vite aperçue qu’il n’y a pas de « portrait type » de l’écolo, et que derrière les points communs et notre sensibilité partagée pour l’avenir de la planète, il y a mille et une façons d’être écolo, et surtout, de faire sa part.

Ça m’a permis d’arrêter de psychoter et de me culpabiliser sur ce que je ne fais pas, ou pas encore. Par exemple, mon engagement écologique n’est pas militant, je n’ai jamais mis les pieds dans une manif pour le climat.

Avant, c’est quelque chose que je n’aurais jamais osé dire en public, car je pensais que c’était la base de tout engagement écologique, et je ne comprenais pas moi-même pourquoi je ne m’y mettais pas.

Maintenant, je n’ai plus de problème avec ça, j’ai compris que mon engagement se manifeste sous d’autres biais. Il y a mille et une façon de vivre son rapport à l’écologie, de faire sa part et de s’inscrire dans le collectif pour construire un avenir plus juste et plus respectueux du vivant.

Je te propose de faire le tour des champs d’actions possibles pour faire sa part. N’hésite pas à nous partager en commentaire ce qui fait sens pour toi, et à compléter s’il manque des choses dans ce petit tour d’horizon.

Je commence par les 3 formes d’engagement auxquelles on pense en général en premier :

1• L’engagement politique

L’actualité le montre, la cause politique n’est pas perdue pour les verts. Ici à Bordeaux où j’habite, la mairie historiquement de droite vient de passer écolo. Ça fait deux semaines que je jubile.

L’engagement écologique politique peut prendre deux aspects : du côté de ceux.celles qui cherchent à être élus ou participent à une campagne et à la vie politique pour changer effectivement les choses, et du côté de ceux.celles qui les soutiennent en allant voter.

On peut aussi considérer que c’est un choix politique de ne pas aller voter.

2• L’engagement militant

Lui aussi fait partie des formes d’engagement qui viennent de suite à l’esprit. Les manifestations pour le climat se développent de plus en plus, le mouvement des jeunes autour de Greta Thunberg ou les actions d’Extinction Rébellion en sont symptomatiques.

Montrer son désaccord avec le système actuel et son inquiétude pour l’avenir, font partie des moyens d’actions les plus efficaces pour espérer changer les choses.

Les formes de ce militantisme : manifestation, actions de désobéissance civile, et souvent oubliée mais tout aussi essentielle, signature de pétitions.

3• L’engagement bénévole

S’engager dans une asso, une ONG, font partie des formes fortes et « nobles » de l’engagement. On donne de son temps, sur une base régulière, pour une cause à laquelle on croit.

Les 3 formes d’engagement suivantes paraissent moins évidentes, peut-être parce que contrairement aux 3 premières, elles ne revêtent pas autant ce caractère de revendication et d’affirmation puissante de ce pour quoi on se bat. Pourtant, elles infusent tous les niveaux de la vie d’une personne, et lui permettent d’inscrire l’écologie dans ses valeurs profondes.

4• L’engagement domestique

Je dis domestique, j’aurais pu dire « quotidien ». C’est le fait d’adapter son mode de vie personnel pour mieux respecter la planète, moins polluer, vivre plus éthiquement… Cet engagement revêt de multiples formes et courants. On peut citer, en vrac :

  • l’engagement dans le mouvement Zéro Déchet : repenser son rapport au produit en fonction du déchet qu’il génère
  • Un mode de vie minimaliste : vivre avec moins, mais aussi consommer moins, éliminer le superflu et le trop-plein…
  • Revoir ses modes de transports et sources d’énergie : vélo, voiture électrique, énergies renouvelables, production d’énergie chez soi…
  • Privilégier une alimentation bio, locale, équitable…
  • Interroger sa consommation de viande et son rapport à l’animal : flexitarisme, végétarisme, véganisme…
  • Acheter de seconde-main, réparer plutôt que jeter…

5• L’engagement professionnel

S’engager professionnellement, c’est orienter son activité pro dans un domaine ou une entreprise plus écologique. On peut :

  • travailler dans une entreprise ou un organisme qui agit pour l’écologie : organismes de développement durable, conseil en zéro déchet, travail au sein d’une ONG environnementale…
  • Travailler dans une entreprise qui propose des solutions pour un mode de vie plus écologique : service de location de couches lavables, magasin bio, industrie d’emballages compostables…
  • Travailler dans une entreprise qui a une activité non directement liée à l’écologie, mais qui travaille dans des conditions écoresponsables : télétravail, cantine bio et/ou végétarienne, alimentée en énergies renouvelables…

L’engagement professionnel vient souvent dans un second temps, quand on est engagé dans sa vie privée (dans une des formes d’engagement 1, 2, 3 ou 4) et qu’on finit par ne plus supporter de ne pas avoir une vie pro alignée avec ses valeurs. La réorientation professionnelle pointe alors le bout de son nez (j’en parle d’expérience ^^)

Mais certains se dirigent aussi dès le départ dans une activité professionnelle liée à l’écologie, alors même que leur mode de vie n’est pas forcément « écolo » ou « zéro déchet ». Dans ce cas c’est souvent une volonté d’accorder leur vie pro à leurs choix politiques.

6• L’engagement financier

Enfin, la dernière forme d’engagement pour faire sa part qui me vient en tête en est une qui est souvent oubliée ou laissée de côté : c’est l’engagement financier. On oublie souvent que notre argent, qu’on en ait peu ou beaucoup, est gardé par des instituts financiers, bancaires, qui en font ce qu’ils veulent, et le placent souvent dans des investissements que l’on refuserait catégoriquement de faire si on nous les proposait directement : grands groupes pétroliers, miniers, d’aviation ou de voitures thermiques…

Pour reprendre le contrôle de ses finances et les tourner vers notre engagement écologique, on peut par exemple :

  • choisir une banque éthique, qui n’investit pas l’argent de ses clients, ou investit dans des entreprises éthiques également
  • donner à des assos environnementales, que ce soit sur une base régulière ou ponctuellement
  • investir dans des projets qui ont du sens : micro-crédits pour des personnes dans des pays plus pauvres, projets d’énergie renouvelables citoyens (comme chez Energie Partagée (https://energie-partagee.org), pour qui j’ai réalisé l’illustration en haut de cet article), entreprises écoresponsables…

L’engagement écologique peut donc prendre de multiples formes. Bien sûr, celui.celle qui cocherait toutes les cases serait assurément un écolo parfait… mais certainement aussi une personne épuisée mentalement !

Reconnaître qu’on s’épanouit plus dans telle ou telle forme d’engagement, c’est faire sa part sans oublier de se respecter soi, bref, cultiver aussi son écologie intérieure.

Et toi, quelles formes prend ton engagement et comment as-tu choisi de faire ta part ?

1 réflexion au sujet de « Les champs d’action pour faire sa part »

  1. Bravo et merci pour cet article qui aborde le sujet de fond.
    L’écologie est un peu une bouteille à encre : on en voit de toutes les couleurs ! Alors existe-t-il une écolo parfaite ? un portrait type ?
    Tout au plus peut-on dire ce que l’écologie n’est pas…
    Pour avoir entrepris depuis plusieurs années des recherches dans ce sens, j’ai bien quelques idées à propos des questions que tu as très bien passées en revue.
    Je crois que l’entête de ce site précise ce qui me paraît être le sens de l’écologie : « inventer des formes de vie respectueuses de la nature et de l’être humain ». Sachant par ailleurs que la violence est une des sources essentielles de pollutions diverses, la non-violence est une première attitude caractéristique de l’écologie.
    L’action militante est donc aussi nécessairement non-violente, c’est à dire qu’elle donne à comprendre et donne envie, sans jamais imposer ni contraindre. Les manifestations, pétitions et autres rapports de forces sont donc à contrôler de façon authentiquement non-violentes, contrairement à ce qui est généralement observable.
    Tu évoques à juste titre les deux aspects de l’engagement politique : ceux qui sont amoureux de l’homme et de la nature et ceux qui sont préoccupés par l’amour du pouvoir… On pourrait multiplier les exemples où l’écologie politique se trompe : d’abord en laissant croire que l’écologie serait une sensibilité de gauche, excluant ainsi les écolos de droite qui ont autant de raisons que les autres humains de soigner la planète et ceux qui y habitent.
    J’ai beaucoup aimé ton regard sur l’engagement financier, qui montre l’importance de nos choix, particulièrement ceux qui respectent nos valeurs.
    Oui, il s’agit bien de valeurs, qui définissent à elles seules l’attitude écologique. C’est effectivement un combat, à mener contre nous-mêmes, qui nous est proposé notamment pour vaincre nos peurs de manquer et notre soif à toujours plus.
    Enfin tu abordes les engagements professionnels et le bénévolat, sans compétition, mais dans la coopération, la collaboration, et dans la primauté de ces valeurs de respect de la personne humaine et de la nature.
    C’est là que l’écolo Colibri parvient à faire sa part.
    Il assure tant qu’il en a les moyens, et ne laisse pas sa part aux autres…

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